Sellaband, un exemple de désintermédiation
Par idoric le lundi, novembre 6 2006, 18:30 - Lien permanent
Utilité et dérives néfastes de l'intermédiation
L'existence d'un intermédiaire n'est utile et positive que si elle crée un échange qui n'aurait pas eu lieu sinon.
Dans l'économie de marché, c'est la concurrence qui doit nous assurer qu'il est dans l'intérêt privé de chacune des parties d'agir dans l'intérêt général (si cette dernière expression signifie quelquechose). Or, aujourd'hui, en l'absence de véritable concurrence, les majors, au lieu de faire en sorte que chaque artiste trouve son public et que chaque paire d'oreille trouve ses bonheurs, cherchent au contraire à limiter ces rencontres, car augmenter le nombre d'artistes à produire a toutes les chances de diminuer la rentabilité globale...
Pour quitter le monde de la musique, on peut aussi citer celui des supermachés, qui matraquent consommateurs d'un côté et producteurs de fruits et légumes de l'autre. À ce sujet, si quelqu'un a des infos sur ces associations de collecte et vente, dont les membres sont les producteurs et les consommateurs eux-même, je suis très intéressé.
Mais revenons-en à nos moutons et voyons comment sellaband est un exemple de désintermédiation de la production et de la promotion.
Quand les oreilles font la production et la promotion
L'existence et l'éventuel succès d'un album sont liés à un certain nombre d'activités. Je n'en retiendrai ici que trois : production (fournir les sous nécessaires), réalisation («fabrication» effective de l'album) et promotion.
Essentiellement, Sellaband se limite à la réalisation, et il remet entre nos mains la production et la promotion.
L'idée est simple : c'est à nous de mettre l'argent sur la table pour la réalisation de l'album, et en contre-partie pour ceux qui n'auraient pas l'âme d'un mécène, nous avons le droit à un album collector et à un intéressement sur les futurs bénéfices.
Ainsi, non seulement nous devenons de facto les producteurs, mais du même coup nous avons tout intérêt à faire le travail de promotion. De une pour que l'artiste atteigne la somme nécessaire pour pouvoir réaliser son album (faisant du même coup la promotion de sellaband). De deux, pour que le succès soit au rendez-vous l'album produit. C'est ainsi que je me retrouve à essayer de faire la promotion de The Legion of Hetheria, au lieu d'apprécier ces artistes dans mon coin comme je l'avais toujours fait.
Conclusion
- Puisque, collectivement, nous faisons plus que rembourser le prix de la réalisation d'un album quand nous l'achetons (le producteur ayant pour objectif de faire des bénéfices), autant être producteurs nous-même puisqu'il est maintenant possible de fédérer les petits porte-monnaie. Nous pouvons d'ailleurs être plus mécène et fan que producteur intéressé, et ne pas attendre particulièrement la réussie commerciale de l'artiste, mais juste qu'il puisse sortir ses albums. L'intéressement aux éventuels bénéfices relevant alors plus de l'honnêteté entre l'artiste et ces «believers», car il serait effectivement plutôt injuste de ne pas rendre la pareil à ceux qui vous ont permis de produire votre album en cas de grande réussite.
- Puisqu'il n'y a rien de plus efficace et juste (qui laisse une même chance à tous les artistes) comme promotion que le bouche à oreille boosté par les possibilités de mise en contact offertes par internet, alors autant faire la promotion nous-même.
- Quant aux métiers de la réalisation, ils sont à n'en pas douter un métier de professionnel, pour lequel heureusement il existe encore une concurrence véritable.