Note : selon le principe « Release Early, Release Often », et devant mon incapacité à faire aboutir ma tentative de mise à plat et d'appronfondissement de mes idées dans le temps que je pouvais lui consacrer, voici la première partie de celle-ci, la plus exploitable, au cas hypothétique où elle pourrait en inspirer d'autres que moi.

Dans les réflexions qui ont suivi l'appel du 22 mars, le logiciel libre et son mode de fonctionnement apparaissent clairement comme une source d'inspiration et un modèle à suivre pour beaucoup, et pas uniquement chez Europe Écologie, certains se référant même au texte de Eric S. Raymond la cathédrale et le bazar :

Ce n'est certainement pas pour me déplaire, mais un échec ou une apparence d'échec signifierait un retour à la cathédrale accompagnée d'un crispement décuplé vis-à-vis du bazar, et pas qu'en politique. C'est pourquoi je pense qu'il est essentiel de répondre et de communiquer sur la question suivante : sous quelles conditions le bazar, la coopération, fonctionne ? (et en creux, quel rôle la cathédrale continuera à jouer ?)

Jean-Michel Cornu, dans la coopération, nouvelles approches expose ses 9 règles nécessaires (mais non suffisantes) à la réussite d'un projet coopératif. Si ce n'est déjà fait, je vous invite fortement à le lire :) Je ne reviendrais ici que sur la première condition : un environnement d'abondance. Nina Paley nous dirait que stealing a thing leaves one less left, copying it makes one thing more[1], mais pour le cas qui nous intéresse je le dirais de manière légèrement différente : le travail des uns ne doit pas défaire le travail des autres.

L'espace des idées est naturellement abondant, la construction de solutions peut donc être purement coopérative (libre et sans contre-partie): contributions sous licence libre pour permettre avec un maximum d'économie l'ajout des nouvelles directions et la soustraction des branches mortes (ping-pong entre blogs ou wiki), ainsi que la rediffusion et l'adaptation à de nouveau publics et contextes…

Les actes militants, peuvent s'additionner, mais ils peuvent aussi se soustraire : je pense qu'on peut considérer qu'entrer chez un coiffeur et hurler « Voter pour J.F. Caron »[2] aurait été pour le moins contre-productif ! L'espace militant n'est pas naturellement un espace d'abondance, mais il est possible d'en faire un en posant des contraintes pour s'assurer que toutes les actions vont dans le même sens. Pire, la multiplication des candidatures aux élections divisent les chances d'avoir des élus.

Je ne prétends pas avoir la solution, mais pour conclure je voudrais avancer quelques élèments. Le militantisme est avant tout une question d'envie[3]. Si véritablement le but est de voir un maximum de gens se réapproprier le politique, alors les contraintes doivent venir des militants, et non pas être parachutées. Cela peut paraître paradoxal, mais il s'agit ni plus ni moins de répondre à la question suivante : quelles limites chacun est prêt à s'imposer pour quel pouvoir d'influence sur les choix programmatique, de candidats et de campagne ?

[1] totalement inutile donc rigoureusement indispensable : ici et .
[2] Inspiré d'une anecdote réelle qui m'a été offerte par un groupie de Marine Le Pen…
[3] Pensée à une militante qui se reconnaitra et qui sera reconnue ;)