La clause NC, c'est cette fameuse clause des licences Creative Commons qui interdit les usages commerciaux de l'œuvre diffusée sous une telle licence. Beaucoup a été dit récemment sur le fait qu'il s'agissait d'une fausse bonne idée qui aboutissait bien souvent à l'effet inverse de celui voulu lors de son choix. À cet effet, je vous renvoie sur l'article de Bortzmeyer et sa sélection de liens. Pour ma part, je vais essayer d'ajouter quelques arguments, non pas nouveaux, mais rarement présentés sous cet angle.

Pour mon propos, je vais m'intéresser tout particulièrement aux œuvres diffusés sous licence BY-NC-SA. Pour cela, je vais partir des licences libres, pour montrer que l'introduction d'une clause NC n'aurait qu'un effet négatif.

Les œuvres diffusées sous licence libre constitue une forme de pot commun, dans lequel chacun est invité à venir se servir sans que cela ne le vide pour autant, par la magie de la copie à l'identique. À cet égard, le cas du copyleft est exemplaire, puisque toute amélioration doit être reversée au pot commun, afin de maximiser son enrichissement : cela ne change rien pour une personne qui voulait de toute façon reverser au pot commun, cela ne change rien pour une personne qui refusait catégoriquement de reverser au pot commun, mais cela force un peu la main de ceux qui auraient hésité entre les deux.

Copylefté ou non-copylefté, il est possible d'être payé ou de payer pour obtenir une amélioration, une adaptation, une traduction, ou encore une interprétation (par exemple dans le cas d'un morceau de musique sous licence libre). C'est d'ailleurs un point important à prendre en compte en tant qu'utilisateur : ne pas pouvoir vendre, c'est aussi ne pas pouvoir payer. Si je tiens à voir redessiné quelques planches dans le style inimitable de ptilouk et que celui-ci est en galère, je ne pourrais pas payer pour prendre de son temps qui lui sera alors très précieux.

Quoiqu'il en soit, financée ou bénévole, dans le cas du copyleft, l'amélioration est reversé au pot commun, et ne peut en être retiré. Et là, je pense que vous voyez où je veux en venir, en posant la clause NC, on interdit les efforts financés, et donc on réoriente tout ou parti de cet argent dans le développement d'œuvres propriétaires, au lieu de venir enrichir le pot commun. Ainsi, en croyant lutter contre l'ultra-libéralisme grâce à la clause NC, on le sert au contraire, en empêchant l'argent d'être utilisé à contre-emploi (du moins si on pense le plus grand mal du concept même d'argent et des échanges intéressés comme le troc) dans la constructions biens communs.